Tôt ce matin, j'ai été attiré vers la porte du jardin par un bruit semblable à celui d'une superforteresse : c'était un énorme bourdon en quête de nourriture qui explorait le pied de la vigne vierge.

Je lui ai demandé s'il voulait participer à une petite expérience de physique amusante : "Bzzz, pas de problème, Bzzz" m'a-t-il répondu aimablement. Je l'ai placé aussitôt dans une boîte en plastique percée de petits trous que j'ai ensuite posée sur une balance précise au 1/10 de gramme. Comme cette balance n'indique pas les valeurs négatives, j'ai ajouté un poids supplémentaire de 5,6 g sur le dessus après avoir procédé au tarage.

Pendant ce temps là, le bourdon, qui comme chacun sait est de nature philosophe, s'était endormi tranquillement dans un coin. Je l'ai réveillé en le secouant légèrement et je l'ai décidé à s'envoler en dirigeant un spot halogène sur le dessus de la boîte. Très gentiment il s'est mis à voler avec précision, sans toucher les parois, et, croyez-moi si vous voulez, le poids indiqué est resté exactement le même, bien qu'il y ait des trous permettant la communication avec le milieu extérieur.

On peut d'ailleurs se poser la question de savoir jusqu'à quel point peut-on ouvrir le système vers l'extérieur et continuer à mesurer la présence de l'insecte ?

Après avoir répété l'expérience plusieurs fois et constaté que la balance ne bougeait toujours pas, j'ai relâché ce brave hyménoptère dans la nature, en le remerciant de sa coopération...

J'ai pu ensuite mesurer le poids du dispositif à vide : 4,8 g. Le poids du bourdon était de 0,8 g, ce qui représente un bien bel animal, le poids moyen d'une abeille n'étant par exemple que de 0,1 g.

Ainsi que le rappelait Pierre-Gilles de Gennes dans l'une de ses interviews, le code génétique est le même pour tous les êtres vivants. Et c'est quelque chose qui l'étonnait énormément. Les bourdons, comme les autres insectes, sont en quelque sorte nos cousins éloignés. Ne les maltraitons pas... :-)